Une majorité de morts du Covid dans une minorité de régions européennes

Certaines régions enregistrent jusqu’à trois fois plus de morts que d’habitude depuis le mois de mars, mais une grande partie de l’Europe a réussi à traverser la première vague de la pandémie de coronavirus sans témoigner d’une forte surmortalité. Nous avons rassemblé des données territoriales de 500 régions européennes afin de mieux comprendre la propagation du virus. 

Published On: juin 24th, 2020
Une majorité de morts du Covid dans une minorité de régions européennes_62cf00277538b.jpeg

Une majorité de morts du Covid dans une minorité de régions européennes

Certaines régions enregistrent jusqu’à trois fois plus de morts que d’habitude depuis le mois de mars, mais une grande partie de l’Europe a réussi à traverser la première vague de la pandémie de coronavirus sans témoigner d’une forte surmortalité. Nous avons rassemblé des données territoriales de 500 régions européennes afin de mieux comprendre la propagation du virus. 

Browse the data

Explorez l’analyse région par région ou parcourez les données par vous-mêmes

Les frontières réouvrent et les mesures de confinement sont progressivement levées tandis que la première vague du coronavirus retombe. Nous obtenons également un aperçu de plus en plus complet du taux de mortalité dû à la pandémie jusqu’à présent. 

Les données de 20 pays européens montrent que plus de 200 000 personnes de plus que d’habitude sont décédées depuis le mois de mars. Dans cet article, nous allons examiner cette surmortalité. 

Ces derniers mois, nous avons vu des centaines de comparaisons nationales sur le coronavirus. Mais comparer des nations peut rapidement se révéler trompeur. En effet, la propagation de la pandémie se fait plus sur un plan régional que national. 

Notre analyse montre que les décès sont très inégalement répartis géographiquement. Afin de mieux comprendre la propagation du virus, nous avons rassemblé des données sur la surmortalité provenant de 500 régions infranationales et nous avons découvert que les 50 régions les plus touchées constituent un peu moins de la moitié de l’ensemble des décès excédentaires, ou “anormaux”. 

Une propagation hétérogène en Italie et en Suède

Plusieurs régions italiennes se distinguent lorsque l’on compare la surmortalité régionale à travers l’Europe. Bergame, dans le nord de l’Italie, est l’une des premières villes européennes dans lesquelles le coronavirus s’est propagé et, jusqu’au mois d’avril, cette province a connu un taux de mortalité largement supérieur à la normale. 

Mais la propagation du coronavirus en Italie se concentre géographiquement au nord du pays, ce qui laisse entendre qu’elle a été relativement contenue. De nombreuses régions du sud du pays ont relevé des taux de mortalité comparables à la normale. 

Le graphique ci-dessous montre la variation de la surmortalité en Italie. 

 

Le graphique est semblable à celui de la Suède, qui a également été frappée de plein fouet par le coronavirus. Le pays a connu davantage de surmortalité dans la région de la capitale, où des vacances scolaires inopportunes ont vu des milliers de personnes rentrer des Alpes, au moment-même où cette nouvelle maladie se répandait dans cette région. 

Pendant la pandémie, la mortalité a augmenté de 71 % par rapport à la normale à Stockholm, qui se classe à la 32ème position des régions européennes les plus touchées, sur les 500 que nous avons analysées. Son taux de mortalité est semblable à celui de la Catalogne et de Bruxelles. Cependant, dans de grandes zones de la Suède, le nombre de morts est resté très proche de la normale. 

 

Un pays se distingue avec une propagation assez uniforme du virus : le Royaume-Uni. Toutes les régions, sauf une, présentent une forte surmortalité. 

 

 

Par ailleurs, de nombreuses régions n’ont pas été touchées

Parmi les 500 régions, 136 (soit 27 %) déclarent une forte surmortalité. C’est au moins 25 % de morts supplémentaires par rapport à la normale, pendant la pandémie. Dans 158 autres régions, la surmortalité est faible. 

Alors que des milliers de vies ont été perdues, notons que presque la moitié des régions des 20 pays européens sujets de l’analyse ont enregistré un nombre de morts relativement normal, malgré la pandémie. 

En Slovaquie, Lituanie et Bulgarie, toutes (ou presque toutes) les régions ont connu des taux de mortalité comparables à la normale. Même au sein des pays durement frappés, tels que l’Italie, la France et la Suède, un certain nombre de zones ne présentent pas de surmortalité. 

Méthodologie

Notre analyse se fonde sur des données quotidiennes ou hebdomadaires des décès, toutes causes confondues, dans chaque région. Ces données ont été collectées avec Eurostat et des agences nationales de statistique (Royaume-Uni : ONS, NRS et NISRA ; Allemagne : Destatis ; Espagne : ISCIII ; Pays-Bas : CBS). 

Nous avons rassemblé autant de données géographiques détaillées que possible (majoritairement au niveau NUTS 3), mais dans certains pays, tels que l’Allemagne et le Royaume-Uni, seules des données NUTS 1 ont été publiées, et NUTS 2 aux Pays-Bas. Certains pays de l’Europe centrale et de l’Est n’ont pas déclaré de statistiques régionales sur la surmortalité. Ils n’ont donc pas été pris en compte dans cette analyse. 

La surmortalité a été calculée en comparant toutes les morts déclarées dans une région depuis le début de la pandémie avec le nombre moyen de morts des années précédentes, à la même période. 

Pour la plupart des pays, la période moyenne s’étend de 2015 à 2019. Pour d’autres pays, les données sont disponibles sur moins d’années, mais au moins deux ans ont été exploités. Certains, comme l’Espagne, ont modélisé le nombre prévu de morts en 2020 au lieu de fournir des données historiques. 

On considère qu’une région connaît une surmortalité si le nombre de morts déclarées était supérieur aux prévisions d’au moins 5 % et de 20 personnes. Si le nombre de morts dans une région est supérieur aux prévisions de plus de 25 %, nous avons qualifié la surmortalité de “forte”. 

Stay up to date with our newsletter!