Fin des vols intérieurs : un faible engagement pour le climat
Alors que les écologistes viennent de s’imposer dans les grandes villes, l’annonce d’Air France de mettre fin à une partie de ses vols intérieurs n’est en réalité qu’un faible engagement pour le climat.
Fin des vols intérieurs : un faible engagement pour le climat
Alors que les écologistes viennent de s’imposer dans les grandes villes, l’annonce d’Air France de mettre fin à une partie de ses vols intérieurs n’est en réalité qu’un faible engagement pour le climat.
Annoncée comme une contrepartie des sept milliards d’euros accordés par l’Etat, la mesure prévoit “de réduire les vols sur les trajets pour lesquels il y a une alternative ferroviaire en moins de 2h30”, précisait Elisabeth Borne, l’ancienne ministre de la Transition écologique et solidaire, sur France inter le 24 avril dernier.
Il s’agit pour Air France “de prendre des engagements sur l’accélération de sa transition écologique”. Malgré cette aide, l’entreprise a annoncé la suppression de 7 500 postes d’ici 2022.
Un marché en perte de vitesse
Que représentent exactement ces engagements ? Bien que la part du pavillon français sur le marché ait diminué, il constitue 81% des vols domestiques selon le rapport de branche de 2018 . Ce pavillon français est lui-même dominé par Air France et ses filiales low-cost Hop et Transavia. Cette dernière a demandé à ce que cette mesure concerne également les autres compagnies .
A elles seules, les lignes reliant Paris aux villes de Toulouse, Nice, Marseille et Bordeaux représentent 55% du trafic et dépassent le million de passagers. A l’exception de Bordeaux, dont la ligne grande vitesse a été inaugurée en 2017 et qui permet de relier la capitale à la cinquième aire urbaine de France en moins de deux heures et demi, la distance géographique et l’absence de structures ferroviaires ne permettent pas de report du trafic aérien sur le rail. En tout, l’ensemble des lignes partant de Paris concernent deux tiers du trafic, soit 17 millions de passagers.
(Source : Bulletin statistique du trafic aérien commercial, année 2019 )
(Source : Bulletin statistique du trafic aérien commercial, année 2019 )
De manière générale, le secteur du transport aérien est en croissance : on remarque une augmentation de 20% entre 2012 et 2017. Comme le précise le rapport, “elle est corrélée à la croissance du trafic en Métropole et à celle des vols « métropole – pays étrangers ». Ces derniers ont un poids prépondérant en termes de voyageurs et la croissance du trafic passagers associé est 2,5 fois supérieure à celle des vols intérieurs de métropole.”
En effet, les vols intérieurs ne bénéficient d’une croissance que d’1% par an sur cette période. La part du trafic entre les aéroports parisiens et les aéroports en région a ainsi chuté en 40 ans : de 25% du trafic de passagers en 1980, voire 29% en 1990, elle ne s’élève plus qu’à 10% en 2017. Elle stagne autour de cette valeur depuis le début des années 2010. En revanche, le trafic intrarégional, qui brasse moins de passagers, stagne autour des 5% depuis 1980.
Des trains rapides mais centralisés
Où en est alors l’offre côté rail? D’après Statista , “le réseau ferroviaire français s’étend sur une longueur totale de presque 28 000 kilomètres, ce qui en fait le deuxième réseau ferroviaire d’Europe.” En terme de performance, il est classé septième d’après the 2017 European Railway Performance Index derrière l’Allemagne en quatrième, l’Autriche et la Suède.
(Classement des pays européens selon la performance de leur réseau ferroviaire. Source : The 2017 European Railway Performance Index [RAVEL The 2017 European Railway Performance Index])
L’index précise tout de même que les plus grands pays sont perdants dans ce classement, car les coûts d’aménagement et d’entretien sont par conséquent plus élevés. On peut néanmoins voir que les Français sont en moyenne très proches des gares .
(Proximité des gares pour les Français selon leurs lieux d’habitation. Source : Don’t miss the train )
En terme de coût pour l’utilisateur, la France est dans la moyenne haute par rapport aux autres pays européens. Pour un trajet Paris-Lyon, le billet coûte au passager 4,4% du revenu médian du pays. En comparaison, un trajet Helsinki-Vaasa ne coûte que 2,2% du revenu médian du pays. L’Allemagne se classe encore plus mal : un trajet Berlin-Cologne coûte 5,3 % du revenu médian du pays.
Ce coût élevé s’explique sans doute par la rapidité du trajet. Pour les mêmes trajets, la France est la plus rapide et offre un vrai gain de temps notable entre le rail et la voiture.
Les passagers français rencontrent cependant un énorme écueil qui fait la part belle à l’aérien : la centralisation à Paris. Pour aller d’une région à une autre, difficile d’éviter la capitale et ses changements de gares. Certaines liaisons directes entre les grandes villes ne sont pas à grande vitesse ou n’existent tout simplement pas, ce qui pousse les voyageurs à effectuer des trajets sans aucune logique géographique.