Moins d’antibiotiques dans les élevages européens

La mauvaise utilisation des antibiotiques administrés aux animaux est un facteur favorisant l’émergence de bactéries résistantes. Bien que leur utilisation diminue dans l’UE, ces phénomènes demeurent une menace pour la santé humaine.

Published On: mars 27th, 2019
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Moins d’antibiotiques dans les élevages européens

La mauvaise utilisation des antibiotiques administrés aux animaux est un facteur favorisant l’émergence de bactéries résistantes. Bien que leur utilisation diminue dans l’UE, ces phénomènes demeurent une menace pour la santé humaine.

Photo: PxHere

Autant chez les humains que chez les animaux, l’utilisation excessive ou inappropriée d’antibiotiques entraîne des phénomènes d’antibiorésistance. L’utilisation vétérinaire abusive de ces molécules est un enjeu de santé publique humaine majeur compte tenu de l’interdépendance étroite entre l’homme et l’animal partageant le même environnement.

L’usage raisonné des antibiotiques dans les élevages est une nécessité car, comme le note l’organisation mondiale de la santé animale (OIE), « 60 % des pathogènes capables de s’en prendre à l’homme et donc de provoquer des zoonoses, maladies humaines d’origine animale, proviennent de l’animal domestique ou sauvage ». Ces pathogènes peuvent ensuite se transmettre d’un individu à un autre, soit par le biais d’interactions entre humains et animaux soit par la voie alimentaire (lait, viande, œufs…).

Des ventes en baisse

En Europe, comme ailleurs dans le monde, la majorité des antibiotiques vendus est consommée par les animaux . D’où la nécessité de suivre et de surveiller la consommation de ces molécules dans les élevages. D’après le rapport de l’agence européenne des médicaments (EMA) , le volume de vente d’antibiotiques destinés aux élevages européens a diminué de 18,5 % entre 2011 et 2016 pour atteindre 7 400 tonnes. Dans le détail, cela représente, pour l’année 2016, une moyenne de 129,4 mg de matière active par kilogramme de masse animale. Chypre, l’Espagne, l’Italie et le Portugal sont les plus gros consommateurs d’antibiotiques à usage vétérinaire.

Sur cette période, 16 États européens sur 25 ont enregistré une baisse significative (plus de 5 %) des ventes d’antibiotiques à usage vétérinaire tandis que 6 autres voyaient leurs ventes progresser rapidement (plus de 5 %). Malgré cette diminution notable dans la majorité des pays européens, de fortes disparités existent entre les États européens.

Plusieurs facteurs expliquent les écarts observés entre les pays. En premier lieu, la population animale varie énormément d’un pays à l’autre. Les élevages de porcs, de bovins, d’ovins ou de volailles n’emploient ni les mêmes antibiotiques ni les mêmes quantités. Le caractère intensif ou extensif des élevages jouent également un rôle. Les doses et le temps de traitement, non pris en compte dans ces données, constituent un deuxième facteur expliquant les différences d’utilisation entre les États. Certains antibiotiques seront actifs à des dosages plus faibles que d’autres. De même, chaque espèce animale demande un dosage différent pour une même molécule.

Bien que leur utilisation comme facteur de croissance soit interdite dans les élevages européens depuis 2006, certains usages persistent et contribuent à l’apparition et à la sélection de bactéries résistantes. En dehors du traitement des animaux malades, ils sont également employés de manière préventive lorsqu’un risque infectieux existe (par exemple, dans les élevages intensifs) sans que les animaux soient malades ou bien pour traiter l’ensemble du cheptel alors qu’une partie seulement est atteinte.

Faire évoluer les pratiques

Cette évolution positive s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’antibiorésistance menée par les Etats européens. Selon l’EMA, la baisse des ventes de médicaments dans la plupart des pays européens s’explique notamment par « la mise en place de campagnes de sensibilisation pour un usage raisonnable des antibiotiques et pour accroître les connaissances sur les menaces de l’antibiorésistance ». De son côté, l’OMS estime que « pour remplacer les antibiotiques dans la prévention des maladies chez l’animal, il est notamment proposé d’améliorer l’hygiène et l’utilisation des vaccins et de modifier les pratiques d’hébergement et d’élevage des animaux ».

De telles campagnes impliquant à la fois les éleveurs et les vétérinaires ont été lancées en Europe afin de mettre en place de nouvelles pratiques dans les élevages européens. La Norvège par exemple a décidé dans les années 1990 de bannir l’usage des antibiotiques dans ses élevages piscicoles et de vacciner les saumons présents dans les fermes. Le pays a également défini des règles d’hygiène visant à limiter les infections dans ses élevages et ainsi réduire encore l’usage des antibiotiques. Au Danemark, une politique de surveillance des usages d’antibiotiques dans les élevages de porcs a permis de réduire la dépendance des éleveurs vis-à-vis dans antibiotiques.

L’Union européenne veut elle aussi agir dans ce domaine et a adopté une règlementation en octobre 2018 visant à réduire l’usage des antibiotiques dans les élevages et à promouvoir une meilleure surveillance de la vente et de l’utilisation des antibiotiques. Parmi les mesures adoptées, figurent l’interdiction de l’usage préventif des antibiotiques pour les traitements collectifs, la possibilité de réserver certains antibiotiques aux humains ou encore l’obligation de respecter les critères européens pour les produits alimentaires importés.

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